Sur le chemin de l’école…
Plus que quelques jours avant la rentrée. C’est un moment important pour tous les enfants. Super important pour tous les enfants de demandeurs de refuge qui vont – enfin – pouvoir aller à l’école. Comme ces petites filles afghanes qui n’en reviennent pas encore d’avoir le droit d’apprendre à lire…
A Zinzolin, la rentrée scolaire a toujours été un moment important. Parce qu’on pense que les enfants étrangers, qui partent à l’école avec la difficulté de l’apprentissage d’une nouvelle langue, ont le droit de faire leur rentrée dans des conditions « normales ». Donc on s’agite frénétiquement pour boucler les derniers dossiers d’inscription (domiciliation, vaccinations, orientations des académies… on manque de temps, c’est l’urgence absolue, tout coup de main est le bienvenu, HELP !) et aussi pour rentrer les dons pour les listes de fournitures scolaires.
Il faut des cartables, des sacs à dos pour les collégiens, des cahiers pas dizaines, des règles, des crayons de couleur, des surligneurs, des bâtons de colle en pagaille, des lutins, des intercalaires, des règles, des taille-crayons, de feutres, des trousses, des copies… Et aussi les tenues de sport, les maillots de bain pour la piscine… Tous les parents connaissent ces listes, parfois exaspérantes, des établissements scolaires.
Nous avons besoin de vous, une fois de plus.
Le 1er septembre, il n’est pas question d’envoyer à l’école des enfants avec un stylo bic et quelques feutres défraîchis dans un sac en plastique. Nous avons déjà reçu quelques dons de fournitures scolaires, on en a besoin de plein d’autres… et même si on doit mettre en péril la situation financière de l’association, on achètera ce qui manque.
L’école est un droit. Et tous les enfants ont le droit de rentrer à l’école dans la dignité. Avec les trousses garnies. Et les cahiers de la bonne couleur.
Cela peut sembler dérisoire. Mais je n’en démordrai pas.
Peut-être parce que, il y a très, très longtemps, j’ai fait des rentrées scolaires avec un cartable vide. Avec la blouse (hé, oui, quand je dis que c’était il y a très, très longtemps…) qui n’avait pas la bonne couleur. Avec le cahier à carreaux qui manquait (la librairie-papeterie en face de l’école était tenue par un couple facétieux et/ou féru de la langue de Molière et/ou un tantinet raciste…) puisqu’en sortant mes pièces monnaie pour acheter un cahier « carrelé » (à y repenser, putain de bordel de merde, du point de vue de la syntaxe, c’est quoi la différence entre un cahier à carreaux et un cahier carrelé ?) on m’avait signifié que la maison ne vendait pas ce genre d’articles.
L’école n’est pas seulement un droit. C’est une sacrée aventure. La plus belle quand tout se passe bien. Et on veut que tout se passe bien. Sans trousse vide, sans sac de plastique, sans cahier – carrelé ou pas – qui manque au rendez-vous. Appel aux dons. Si vous êtes en train de faire les achats pour la rentrée, vous pouvez peut-être ajouter quelques fournitures et les apporter à Zinzolin. Sinon, c’est toujours la même chanson : vous pouvez faire un don financier.
Là, on a déjà bouclé les premiers cartables.
Ce matin, une chouette personne est passée, en coup de vent, avec un sac en plastique plein de trousses qu’elle avait confectionnées. « J’aime bien coudre », a-t-elle dit en guise d’explication, avant de s’éclipser. Des trousses super qui tombent à pic. Merci, merci, merci !
Des parents ont quitté Zinzolin, soulagés ; des enfants sont partis avec des étoiles dans les yeux. Nulle peur de la rentrée, juste une énorme envie d’aller à l’école.
La peur, c’est pour moi. Quand je me rends compte qu’après avoir fait des pieds et des mains pour l’inscription des enfants à l’école d’une famille hébergée provisoirement par le Samu social dans un hôtel F1, je découvre qu’elles auront, pour s’y rendre, une demi-heure de marche, dont la moitié sur le bas-côté d’une route rapide (merci Google maps !) qu’il faudra bien traverser à un moment ou à un autre. Il n’y a pas de trottoir. Les hôtels où le 115 envoie les familles, nichés dans de chouettes zones industrielles, n’ont jamais été prévus pour les piétons. Je n’imagine même pas comment la maman pourra faire, la semaine prochaine, avec sa poussette (une petite inscrite à la maternelle) et les deux plus grandes (école élémentaire, à dix minutes plus loin). Si l’une d’elles se fait faucher par une voiture, je ne me le pardonnerai jamais.
Hélas, il n’y a pas qu’en Afghanistan où les petites filles doivent affronter la mort pour aller à l’école.
Irena Havlicek
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