Solidarité femmes afghanes
Vendredi soir. Fin d’une première semaine en effectifs réduits (vacances scolaires). Avec de belles surprises : une nouvelle bénévole qui tombe à pic, une famille afghane qui arrive au grand complet car la demande de réunification familiale a fini par aboutir, un bénévole réfugié qui avait eu connaissance de ma date de naissance et qui vient avec un gâteau d’anniversaire et une bouteille de champagne…
Permanences épuisantes : la CAF en plein cafouillage (si tout se passe bien, il y aura un article dans le Canard enchaîné, très vite), les rendez-vous en préfecture introuvables, l’implacable procédure Dublin au nom de laquelle on continue à emmener, manu militari (et menottes aux poignets) des demandeurs d’asile en centre de rétention. Les récriminations (hélas légitimes) des papas afghans qui sont toujours sur liste d’attente pour faire leur dossier de réunification familiale…
Et puis, vers 18 heures (la permanence s’achève officiellement à 13 heures, hi, hi…) un couple afghan qui débarque. Le mari est réfugié, son épouse est arrivée, il y a quelques jours, dans la cadre de la réunification familiale. Retrouvailles heureuses de courte durée. Monsieur est hébergé dans un foyer où il n’a par le droit de l’accueillir. Il a pu payer quelques nuit d’hôtel, mais là, il n’a plus de quoi.
Demain, samedi, elle sera dehors.
Bien sûr, on trouvera de quoi lui payer quelques nuitées dans une auberge de jeunesse (on va finir par regretter le confinement, les hôtels sont à nouveau hors de prix). Mais Zinzolin n’est qu’une minuscule association locale, avec des moyens plus que réduits. Donc ça n’ira pas bien loin.
Beaucoup de personnes se sont mobilisées, ces derniers temps, pour affirmer leur solidarité avec les femmes afghanes. Une mobilisation légitime, indispensable. Donc là, c’est le moment de passer à l’action. En occurrence une action aussi simple et concrètes qu’une proposition d’hébergement solidaire. Ou alors d’une aide pour financer des nuitées à l’abri.
Il était 18 heures, avec les volontaires en service civique qui font la traduction on picorait des bouts de gâteau apportés par Emilie (merci, merci !) car on n’avait pas encore trouvé le temps de déjeuner, il y avait deux réfugiés afghans qui attendaient pour que je me penche sur leur dossier de réunification familiale… La jeune femme n’a pas dit un mot.
Elle s’est assise dans un coin. Fatiguée. Sidérée.
Je ne sais rien d’elle. Statistiquement parlant, il y a peu de chances qu’elle soit magistrate, journaliste, maire, artiste ou activiste. C’est une femme. Une femme afghane.
Ce dont je suis sûre, c’est que la France, elle ne l’avait pas imaginée comme ça.
Irena Havlicek
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